Le Rien
Noir
Néant
Je l’ai vu. Je le vois. Je ne dirai pas quoi. Je ne le dis pas à toi. Quoi.
Toi ? Moi.
Je ne vois que le miroir. La nuit. Dans le noir.
Le miroir miroite le noir. Le noir rien de rien. Je ne le dirai pas. Je ne
le dis pas. Tu ne le vois pas.
C’est dans le noir noirâtre de la nuit nuisible le rien de rien dans le
miroir vide que je tombe dans le rien vide. Je l’ai vu. Tu ne le vois
pas. Ne regarde pas tu ne le verras pas. Je ne peux pas le dire. Je ne le
dis pas. Je ne le dis pas à toi. Je suis tombé dans le rien noir du miroir
dans la nuit noire vide. Je tombe dans le vide. J’ai disparu dans le vide
noir. Ne m’appelle pas. Je ne peux pas le dire. Je ne le dis pas à toi. Je
le vois et je le vois. Il est invisible. Je ne le sens pas. Je ne le touche pas.
Le noir noirâtre.
Le Néant du vide de la nuit noire ne se sent pas. Non, je ne le dirai pas.
Je ne peux pas le dire. Il est là. Là il est. Tout noir dans le miroir vide.
Le vide se miroite devant le miroir tout noir dans la nuit noire.
Ne m’appelle pas. Je ne suis pas là. Tu n’es pas là. Rien n’est là. Seulement
le vide. Le noir. Le noir à l’infini. Qui se multiplie et se multiplie que tu ne
verras pas.
Que tu ne vois pas.
Tu ne le vois pas. Le Néant noir
que je vois. Pas toi. Non. Noir
Raoul Hausmann, une anthologie poétique,
Editions Al Dante, Marseille, 2007