Vers une xylophonie de l’obscène sur la conscience en agonie – Antonin Artaud

Je ne crois plus aux mots,

à la vie,

à la mort,

à la santé,

à la maladie,

au néant,

à l’être,

à la veille,

au sommeil,

au bien,

au mal,

à la vertu,

au vice,

à la matière,

à l’esprit,

au réel,

au surréel,

à l’amour,

à la haine,

au fantastique,

à la banalité,

au courage,

à la pleutrerie,

à l’héroïsme,

à la lâcheté.

 

Je crois que rien ne veut plus rien dire et que tout depuis d’ailleurs

toujours n’a jamais cessé de me faire chier.

Car je n’ai jamais cru à rien ni pensé à quelque chose,

ni voulu voir quoi que ce soit des choses

et j’ai toujours vu une pute de chose qui insistait pour se faire regarder et tutoyer

puis vidanger.

Antonin Artaud (1946)